[Cairanne] Décollage viticole pour Charles Aubert

Modifié le 25/11/2022

^{photo C. Conil}

A 29 ans Charles, fils de Claude, « Les Domaines Aubert », a franchi le pas. Si depuis toujours, il vit au rythme de la vigne et du vin, il a volé vers d’autres horizons avant d’inscrire son nom dans la lignée vigneronne familiale. «Je suis de nature optimiste. Je vis toujours passionnément ce que je fais, je vais au bout de ce que j’entreprends, je ne lâche rien tant que l’objectif n’est pas atteint.» Le pilote d’hélicoptère en activité parle. Le langage est précis, rien n’est laissé au hasard, tout est organisé avec rigueur. Pas de place pour la perte de temps en tergiversations inutiles. La formation initiale dispensée par l’armée de l’air est un atout précieux lorsqu’il décide de rejoindre le cercle des vignerons. Une année en distanciel au lycée agricole d’Orange, le bac pro, l’achat du domaine Eyverine à Cairanne, une première vendange, tout est bouclé en moins de 2 ans. 

Son envol en viticulture
« Cairanne, c’est une opportunité qui reste indépendante du domaine familial déjà implanté à Châteauneuf du Pape, Plan-de-Dieu, SainteCécile, Visan, Tulette et Grignan les Adhémar. Mais c’est surtout le moment, pour moi, d’écrire une nouvelle page de l’histoire de la viticulture familiale à partir d’un domaine créé ex nihilo il y a une dizaine d’années par d’autres personnes.»
Désormais nommé Château de Serre Blanc, ce choix fait référence à sa passion de l’aéronautique et de l’aigle, symbole de liberté en lien avec le ciel et la terre. « La serre est le lien physique entre ces deux éléments. Le blanc est le symbole de la pureté et de cette nouvelle page qui s’écrit», explique Charles. Avec l’aide d’un tractoriste et d’une assistante de direction, à laquelle il délègue la partie administrative, le futur de Serre Blanc est déjà bien balisé.
« Le terrain s’y prêtant, j’ai programmé des travaux importants pour avoir une cave en gravitaire. C’est un processus de vinification plus respectueux du raisin. Je souhaite aussi développer la vente en bouteille. Le vignoble étant déjà en bio, je tends, par éthique, à aller vers la biodynamie. Il faut que la vigne soit incarnée. Cela signifie en prendre soin, être attentif à ses réactions, ne lui demander que ce qu’elle peut donner, l’accompagner avec des méthodes culturales appropriées vers ce que l’on souhaite obtenir d’elle. C’est
aussi accepter des rendements plus faibles. C’est protéger son patrimoine vert si l’on veut le transmettre en bonne santé aux générations futures.»
Héritier d’un savoir-faire, rompu à l’étude des phénomènes aérodynamiques, observateur, Charles sait que son domaine situé à flanc de coteaux et protégé par un massif forestier est exposé pour donner le meilleur.

La griffe de l’aigle
« Le rôle de la nouvelle génération est de conjuguer l’expérience transmise au fil des générations avec une touche personnelle. Pour moi, le vin s’apparente à la haute couture. C’est une grif fe, la serre de l’aigle. Chaque vendange est une création qui dif fère selon les aléas de la météo. On peut en faire une quarantaine dans une vie. Cairanne est un cru qui bénéficie d’un terroir d’une rare qualité. A moi de l’exprimer en y mettant tout ce que j’ai appris de ma famille, en restant fidèle à mes racines. Je veux me donner les moyens de mes ambitions, le reste c’est du travail. Mes valeurs sont la famille, l’amour du travail bien fait, ne pas rester sur ses acquis et être rigoureux. La rigueur c’est ce qui sauve.» 

Christian Conil.