[Gigondas] Le Gigondas blanc sous ses meilleurs auspices

Modifié le 13/12/2023

[Gigondas]  Le Gigondas blanc sous ses meilleurs auspices

© Marie-Pierre Delpeuch

Les premières vendanges de l’AOC Gigondas blanc donnent déjà une tendance du nouveau Cru, commercialement et gustativement. Pierre et Jean-Marie Amadieu, du domaine éponyme, lui préparent un bel avenir. Les raisins sont rentrés, maintenant tout se joue dans les cuves. Pour avoir une idée du futur millésime, le choix n’est pas encore très vaste.

Sur les 36 metteurs en marché identifiés, ils seront vraisemblablement une petite dizaine à revendiquer les premières cuvées blanches. Immersion au domaine Pierre Amadieu, où les jus encore en barriques et amphores préfigurent une silhouette faite d’acidité, de rondeur et de salinité mêlées. Pour Pierre Amadieu, le blanc est une histoire de famille. Il se souvient de son grand-père qui avait planté les premières clairettes, « À l’époque pour faire des vins secs et oxydés. Sur 60 hectares, il avait planté 5 hectares de blancs. Depuis 1996, nous les valorisons en appellation Côtes du Rhône en les vinifiant à la bourguignonne ».

En 1954, lors du premier dossier de demande d’accession en Cru, les cépages blancs représentaient 17 % des 700 hectares plantés. En 1970, avec l’appellation locale et l’explosion du vignoble, ils sont arrachés au profit des cépages rouges. Quelques entités les conservent pour satisfaire leur clientèle. Il a fallu la clairvoyance et la ténacité des vignerons de Gigondas et de Louis Barruol en particulier, pour concrétiser ce nouveau défi. « Nous avons joué la carte du nombre d’opérateurs potentiels auprès de l’INAO, qui demande normalement 5 % des surfaces de l’AOC, nous en avions 9 revendiqués », explique Pierre Amadieu. En effet, une enquête révèle alors un potentiel de 20 domaines prêts à s’engager. Cette année, avant vendanges, on dénombrait 25 hectares plantés ou surgreffés, dont 19 en clairette.


Clairette en tête

C’est le cépage qui fera l’identité du nouveau Cru, car le Cahier des charges l’exige à hauteur de 70 % dans l’assemblage, voire en mono cépage. Jean-Marie Amadieu la décrit : « Capricieuse et généreuse, compliquée quand elle est travaillée en cuve inox, la clairette peut réduire. Plantée dans les différents terroirs, chacun pourra révéler sa spécificité ». Le travail du vigneron et l’élevage feront le reste. Afin de cerner ses dispositions en la matière, Louis Barruol, Président de l’ODG, a eu l’idée de donner des barriques de plusieurs vins aux jeunes pour faire des essais en amont. De plus, une grande dégustation syndicale a été organisée cet été, afin de comparer les différents terroirs et cuvées des opérateurs et de leurs voisins, telle l’AOC Palette. Comme le sou- ligne Pierre Amadieu, « Il ne s’agit pas de produire un Côtes du Rhône supérieur. Il y a une démarche de Cru pour aller plus loin, avec un engagement très qualitatif pour nos clients ». Le futur blanc a déjà le mérite de titiller la curiosité des journalistes et de répondre aux attentes de nouveaux consommateurs. Tous ne seront pas servis avant la pleine production.


Marie-Pierre Delpeuch